AFP
Maroc: Le conseil des droits de l'homme contre la peine de mort
RABAT, 12 mai 2008 - Le président du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH, public) Ahmed Herzenni s'est déclaré en faveur de l'abrogation de la peine de mort au Maroc et de l'abandon des peines de prison pour les délits de presse.
M. Herzenni a toutefois estimé que certaines conditions devraient être remplies pour favoriser l'application de ces prises de position, dans un entretien publié lundi par le quotidien arabophone Al Maghribia.
"Nous sommes pour l'abrogation de la peine de mort", a-t-il dit. "Toutes les expériences ont montré que cette peine n'a aucune valeur dissuasive, et que la criminalité ne recule pas dans les pays où elle est mise en application".
Mais, "le plus important, c'est que l'opinion publique, les magistrats, les avocats et les oulémas en soient convaincus et non seulement le CCDH".
Les tribunaux continuent à prononcer des condamnations à mort, mais cette peine n'a plus été appliquée depuis 1994.
M. Herzenni s'est prononcé en faveur de l'abrogation de toutes les peines de prison du Code de la presse: "C'est là désir de tous les démocrates" et le ministre de la Communication (Khalid Naciri) "en est convaincu et en a le désir". Le Code de la presse comporte des peines de prison pour "les atteintes" à la religion, à la monarchie et à l'intégrité territoriale du royaume.
Concernant le règlement des dossiers des graves atteintes aux droits de l'homme des années 1960-1999, M. Herzenni a lancé: "Ce qui a été réalisé au Maroc est très honorable (...) et on a le droit d'être fiers", évoquant notamment les indemnisations des victimes, et les efforts pour la culture des droits de l'Homme.
"Mais il reste beaucoup à faire pour les droits économiques, sociaux environnementaux et culturels, ce sur quoi le CCDH va insister pour la prochaine étape".
Créé en 1990 par le roi Hassan II, le CCDH a été chargé par son fils, le roi Mohammed VI, de mettre en oeuvre les recommandations de la commission Instance équité et réconciliation (IER, dissoute en novembre 2005), concernant le règlement des dossiers des droits de l'homme. |