Dominique Green, ami de correspondance, condamné à mort

Les lettres de ce jeune afro-américain détenu dans les couloirs de la mort ont inspiré, depuis 1995, la campagne abolitionniste de Sant’Egidio. Sa demande de ne pas être oublié et son histoire de souffrance est encore très actuelle dans la vie de nombreux autres prisonniers, détenus à travers le monde dans des établissements où l’on supprime des vies.

Dominique est un jeune homme afro-américain de 24 ans. Il a été condamné à mort l’année de ses 18 ans, accusé d’un meurtre perpétré au cours d’un vol. Capturé avec violence et soumis à un interrogatoire au cours duquel il ne lui a pas été permis de voir un avocat, il a subi un procès injuste.

Sa défense a été assurée par un avocat commis d’office qui a présenté hors délais les documents qui pouvaient servir à défendre sa cause. Il arrive souvent à ceux qui, comme lui, sont pauvres et ne peuvent pas se permettre de soutenir le coût d’une défense, de se voir assigner des avocats d’office inexpérimentés ou incompétents.

Son histoire est difficile. Né dans une famille pauvre, ses parents sont séparés. Sa mère souffrait de troubles psychiques. Dominique grandit dans les faubourgs de Houston, où vivent les plus pauvres, les noirs, les hispaniques.

Au procès, en août 1993, il est condamné à mort, sans aucune preuve à sa charge, puis sera exécuté en 2004 dans le couloir de la mort d’Ellis One Unit, à Huntsville au Texas. De ses deux lettres, de la période de détention, nous avons compris ce que veut dire grandir en prison dans l’attente du jour de l’exécution. Dominique nous a parlé d’amitiés très intenses, nées dans le couloir de la mort au cours de ces années. Il nous a raconté que d’autres condamnés à mort, plus âgés que lui, lui ont appris à réagir dans les moments de plus grand désespoir et de peur, et comment lui-même est ensuite devenu un soutien et un point de référence pour d’autres partageant la même condition.

La souffrance devient parfois intolérable, comme quand arrive l’exécution d’une personne qui est devenue un ami. Le condamné est emmené par les gardiens et ne reviendra plus. On apprend à vivre avec la peur.

Nous avons fait la connaissance de Dominique en répondant à une lettre publiée dans un journal italien. De sa première lettre publiée, nous nous rappelons ces mots :  » … je suis prisonnier dans le couloir de la mort … j’ai besoin que quelqu’un m’aide. J’ai pensé que vous étiez en mesure de m’aider à trouver quelqu’un qui ait le temps de m’écrire ou de m’aider, car, ces derniers temps, je ne savais pas bien comment demander de l’aide ou de l’amitié … La solitude de ce lieu commence à avoir un effet sur moi, parce que j’ai aussi réalisé que je peux finir par mourir ici pour une chose que je n’ai pas faite… » et encore:  » … dans le couloir de la mort, il y a des personnes bonnes et intelligentes, mais beaucoup d’entre elles n’ont jamais eu aucune possibilité dans la vie : regarde moi, ma vie ne fait que commencer et elle se finit sur un mensonge. Pourquoi ? … »

Dominique, dans sa vie, a cherché à donner un sens à son existence : souvent au cours des longues heures de solitude passées dans sa cellule, il écrivait des poèmes ou peignait. Sa douleur s’exprimait clairement dans ses poèmes, dans ses dessins et dans ses lettres :  « … ici j’apprends à devenir un homme, moi qui ai été pris au piège entre les murs de cette prison quand j’étais un jeune garçon ».

Pour en savoir plus, voir le filmQuinto: non uccidere. Dominique’s story (2010), co-production italo-américaine de Rai-TV, réalisée par Mario Marazziti et Giulia Sirignani ; voix off : John Turturro

 

Poème

J’ai trouvé une main pour m’aider
Une épaule forte sur laquelle m’appuyer
Un sourire gentil qui me remplit de joie
Une amitié bonne de laquelle dépendre
Je crains parfois qu’elle puisse s’effacer
Même si elle est toujours dans mes pensées
Tandis que mes jours s’écoulent
Pris au piège de l’obscurité
Ils en ont emmené un autre
Un ami que je ne reverrai plus.
Je suis faible, je deviens fou
Que puis-je faire ?
Trop de choses, en chaîne, ne vont pas
Trop pour pouvoir les compter
Je ne parviens plus à les supporter… et toi ?

Dominique Green, 9 février 1996, de la prison du comté de Harris – Hudston